< Retour au blogue

07 Oct 2024

« L’Église du Burundi m’a touchée profondément et me questionne positivement »

Lors de sa visite au Burundi en mai dernier, le coordonnateur national de Mission foi a pu voir et constater par lui-même les nombreux besoins de l'Église burundaise, tout en découvrant un pays admirable *. (NDLR)

Par le père Rodrigo Zuluaga

L’Église au Burundi est jeune, missionnaire, et passionnée par sa foi : cette phrase pourrait bien résumer mon passage au Burundi, ce charmant pays entouré de montagnes, de vertes collines cultivées et taillées à la main par des hommes et des femmes qui n’ont que leurs bras et quelques instruments rustiques pour labourer la terre ; les lacs et les jolies vallées toujours éclairées par un soleil radieux et décoré par quelques nuages, nous parlent de la beauté de la Création.

C’est dans la ville de Bujumbura, capitale économique du pays située tout près du lac Tanganyika (un des Grands Lacs de l’est de l’Afrique), que j’ai été accueilli avec le père Yoland Ouellet, o.m.i., directeur national des OPM au Canada francophone. Tout au long de nos rencontres au cours de notre visite au Burundi, j’ai ressenti l’accueil chaleureux des prêtres et des laïcs qui nous attendaient à bras ouverts. Je souligne de façon spéciale l’accueil de l’ancien directeur des OPM, l’abbé Salvator Ngendabanyikwa, et de son successeur, l’abbé Juvénal Nzohabonayo. Ils ont fait tout leur possible pour alléger notre séjour missionnaire. Les deux étaient fiers de nous montrer les beautés de leur pays, ainsi que la spontanéité, la joie, et la foi des Burundais catholiques. Ils nous ont aussi expliqué le processus de cheminement que l’Église burundaise entreprend dans les domaines de la réconciliation et de la paix, de l’éducation, de la santé et de la formation humaine et chrétienne. Les deux prêtres nous ont parlé d’une Église tel que décrit par le pape François : une Église «en sortie, qui ressemble àun hôpital de campagne», pour soigner les blessures physiques et spirituelles, conséquences des guerres ethniques du passé. Ils nous ont donné l’heure juste, tout en étant réalistes quant aux défis qui s’imposent chaque jour à tout missionnaire qui veut être un témoin de la vie, des paroles, et des gestes de Jésus.

Se dépasser et se rendre présent sur les chemins

L’un des défis qui fait partie de la vie quotidienne du peuple, c’est le déplacement d’un endroit à l’autre qui est rendu compliqué du fait qu’il est difficile de se procurer du carburant. Les différents postes d’essence sont toujours remplis de motos et de voitures ainsi que de véhicules de transport public. Après l’eau, le pétrole est devenu le liquide le plus précieux, nécessaire pour faciliter la vie des populations. Aller d’une paroisse à l’autre, se déplacer pour une rencontre de formation de laïcs, de prêtres ou de catéchistes n’est donc pas toujours facile. De plus, les routes sont en très mauvais état. Parcourir des kilomètres en dehors des grandes villes est devenu une tâche compliquée. Malgré cela, ces obstacles n’empêchent pas les gens d’accomplir leurs responsabilités et leurs engagements.

Une autre chose que j’ai remarqué chez les Burundais, c’est leur spontanéité et leur qualité de présence. Au bord des routes, sourire au visage, ils laissent passer tous ceux qui ont la chance de rouler plus vite. À une occasion, deux enfants au bord du chemin, étonnés et surpris par notre présence, criaient dans leur langue : « Voilà les blancs ! ». Plus loin, une religieuse souriante entourée d’autres femmes, me saluaient amicalement : « Bonjour, mon Père. Amahoro! », qui est un mot fréquent qui sort spontanément pour te souhaiter le bien et surtout la paix.

Au fond de moi, je pensais au nombre de fois que nous ignorons l’autre ici dans nos villes nord-américaines; nous entrons dans un ascenseur et nous préférons regarder notre appareil intelligent plutôt que partager un sourire ou une simple salutation. Nous sommes souvent dans notre propre bulle… que ce soit dans notre voiture ou dans le métro, c’est toujours « moi » qui prends la première place. Dans la société dans laquelle je vie, nos chemins ne sont pas de vrais lieux de rencontre. Nous sommes trop pressés pour nous arrêter et prendre du temps avec les autres. Je n’oublie pas les paroles de Jésus dans la parabole du Bon Samaritain (cf. Luc 10, 25-37); ou celles de Philippe qui prend le temps avec l’eunuque pour lui transmettre la Bonne Nouvelle (cf. Actes 8, 27); ou encore ce dialogue entre les disciples d’Emmaüs et Jésus (cf. Luc 24,13-35), où Jésus lui-même se fait proche et marche avec eux en les écoutant attentivement, manifestant sa présence. C’est là, sur les chemins et avec le monde, où la Bonne Nouvelle s’incarne, dans le partage des joies et des difficultés du peuple Dieu.

Vos dons portent des fruits

Lors de notre séjour au Burundi, nous avons été témoins de ce que les chrétiens burundais font avec notre contribution économique, si petite soit-elle.

Le témoignage des catholiques est très touchant. Ils reflètent la présence sociale d’une Église pauvre en ressources, mais engagée dans le monde, avec le monde. Au long des chemins que nous avons parcourus, nous avons trouvé des cultivateurs, parfois des prêtres, des religieux et des religieuses qui par divers moyens, se rendaient aux petits villages et aux succursales pour semer la Bonne Nouvelle. Les unes pour accompagner des personnes croyantes éloignées de leurs paroisses; les autres pour former des catéchètes qui, par leur foi et leur formation, deviennent des missionnaires engagés comme bénévoles dans leurs communautés chrétiennes.

Une des visites qui m’a le plus marqué fut celle que j’ai faite à une paroisse de Buba, au diocèse du Bubanza, dans une magnifique région éloignée de la ville, entourée de paysages montagneux. Une fois arrivés là-bas, j’ai été témoin de l’hospitalité généreuse de la part des paroissiens. Il y avait des personnes de tous les âges, enthousiastes de nous voir, curieuses de notre visite. Des adultes travaillaient à la construction et l’agrandissement de leur église. Leur ancien lieu de rassemblement était si petit que beaucoup de gens devaient suivre les messes dehors. C’est une réalité complètement différente à celle que nous éprouvons ici au Canada, où la fermeture de nos lieux de culte et leur changement de vocation représente pour nous un grand deuil à vivre.

Nous avons également visité des projets soutenus par les bienfaitrices et bienfaiteurs canadiens de l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi. C’est admirable de voir comment les Burundais parviennent à faire fructifier les dons reçus. Leur propre contribution, leur main-d’œuvre et leur implication dans la communauté grandit tranquillement et aide à créer un sentiment d’appartenance.

Une expérience qui enrichie ma vie

C’est difficile pour moi de décrire avec des mots l’expérience de vie si riche que j’ai vécue; la rencontre des personnes, des laïcs missionnaires, la visite des diocèses de Bujumbura, de Bubanza, de Gitega et de Bururi. Il y a beaucoup de choses qui m’ont marquées, mais l’essentiel de mon expérience reste dans mon cœur. Cela dit, je pourrais témoigner que cette Église locale du Burundi m’a touchée profondément et me questionne positivement. Je constate que toutes ces personnes, jeunes, catéchistes et tous les bénévoles qui viennent aux célébrations, sont des chrétiens passionnés par leur foi. Le témoignage de leur foi me donne la certitude que l’Esprit saint travaille fort. Je souhaite que nous aussi nous soyons remplis de joie pour que nous puissions vivre ainsi notre mission, en célébrant notre foi dans la communion.

En effet, j’ai vu la main et la tendresse de Dieu à l’œuvre dans toutes ces visites et ces rencontres chaleureuses que j’ai pu vivre. Dieu accompagne et garde son peuple dans la foi et l’espérance. Il est présent dans tous ces jeunes prêtres, ces religieux et religieuses qui se donnent chaque jour dans la Mission. Tout ce vécu nourrit ma foi et m’aide à continuer mon soutien fraternel envers ces jeunes Églises qui sont l’avenir de l’Église universelle.

 

 

 

* Ce texte se trouve dans la revue Univers, édition juillet-décembre 2024, n.2, sous le titre: Premier séjour en Afrique: impressions et étonnements.

 

 

Partager sur les médias sociaux:
Partager sur les médias sociaux:

Infolettre

Abonnez-vous à notre infolettre pour recevoir les toutes dernières nouvelles de nos Œuvres! Billets de blogue, nouvelles, vidéos et contenus exclusifs vous attendent à chaque mois!

Soutenez Mission foi

Contribuez au développement de l'Église en terre de mission, et apportez l'espoir du Christ aux plus démunis.

Faire un don