Donnons vie à l’espérance

L’un de mes plus beaux souvenirs du Mois missionnaire d’octobre c’est d’avoir pu célébrer le Jubilé du monde missionnaire à Rome, au début du mois. Il y a eu quelques moments forts qui, à vrai y penser, résument bien ce que j’ai pu vivre ces derniers 10 ans et qui me donnent des raisons d’espérer.

Sur la place Saint-Pierre, depuis mon siège, je vois Léon XIV debout dans sa pape-mobile, presque perdu parmi la foule de pèlerins venus à Rome pour célébrer le Jubilé du monde missionnaire le matin du 4 octobre. Le nouveau pape à double nationalité – étatsunienne et péruvienne –, religieux augustinien, et missionnaire, se laisse prendre en photo ou en vidéo par des milliers de gens à la fois curieux et émus de le voir en personne.

Au moment de sa catéchèse, je m’unis à tous les pèlerins pour écouter sa réflexion sur l’Évangile du jour dans laquelle il nous invite à choisir Dieu, tout comme François et Claire d’Assise l’avaient fait il y a 800 ans. Je saisis davantage que la Mission se traduit par des choix inspirés de l‘Évangile pour servir le royaume de justice et de paix inauguré par le Christ.

Après la catéchèse, suit l’audience. C’est ma deuxième occasion de rencontrer Léon XIV. Ce pape, dont la plupart des médias n’avaient pas prévu voir apparaître à la loggia le jour de son élection, se montre accessible à tous. Quand vient mon tour de le saluer, je me permets de lui parler dans ma langue : « Merci Très Saint-Père pour votre bénédiction pour notre pays, nos familles et les Œuvres pontificales missionnaires ». Le Canada, je lui dis, prie pour votre pontificat. Il me répond alors sans hésiter, en français : « Le Canada, c’est un beau et grand pays. » C’est alors que je suis touché par son regard, par son cœur qui communie avec ma culture et celle de tant d’autres. Le Saint-Père venait de saluer de nombreux évêques venus de pays de mission, il saluait maintenant les quelque 20 directeurs nationaux des Œuvres pontificales missionnaires venus de tous les continents. C’est dans des moments comme ceux-là que le mot catholique prend tout son sens.

Échos d’une rencontre missionnaire

En fin d’après-midi, c’est une rencontre missionnaire internationale à la prestigieuse université Urbanienne – toujours dans le cadre de notre Jubilé missionnaire – qui va m’interpeller. Le cardinal Luis Antonio Tagle, pro-préfet du Dicastère pour l’Évangélisation, est l’un des intervenants. Il nous invite à discerner sur les nouveaux horizons de la Mission à la lumière des nouveaux aéropages créés par l’évolution toujours changeante du genre humain.

Pour le cardinal, la collaboration missionnaire est un facteur qui peut contribuer à élargir la communion entre les peuples. Le Christ, rappelle-t-il, est notre modèle pour une Humanité nouvelle, une fraternité nouvelle et universelle.

Le cardinal Tagle, qui croit à l’efficacité des nouveaux moyens de communication, valorise les réseaux sociaux qui créent de nouvelles pages d’Évangile, des épiphanies, des manifestations de Dieu et de son amour. Il insiste : « La Mission est épiphanie et réalisation du plan de Dieu. »

D’une autre part, il souhaite qu’une formation solide soit offerte pour en arriver à une pastorale missionnaire dans tous les diocèses dans le but de soutenir toute activité missionnaire de la part des Baptisés. C’est le défi de l’heure du Dicastère pour l’Évangélisation.

Le changement est au cœur de la Mission

Je reviens de Rome interpelé et changé. Une Pentecôte m’habite. Lors de l’audience dans le cadre du Jubilé du monde missionnaire, le Pape a dit que le monde change si nous changeons. Ces simples mots résument bien, en ce Mois missionnaire, ce qui est au cœur de la dynamique de la Mission : une démarche de conversion permanente, une démarche où le fait de marcher ensemble nous rend capables de changer nos cœurs pour pouvoir rendre le monde meilleur.

Le monde peut changer. Je le crois et je l’espère passionnément. Être des missionnaires de l’espérance parmi les peuples est tout un défi à relever en ces temps. Mais je suis convaincu que l’Esprit est à l’œuvre. Si la Mission vient de Dieu, l’Esprit, lui, est présent parmi les peuples.

Lors de mes voyages missionnaires que j’ai eu la chance de faire au cours de ces derniers 10 ans, j’ai rencontré tant de visages d’hommes, de femmes, d’enfants et de jeunes habités par le Seigneur. Que ce soit en Afrique, en Asie, ou en Amérique latine, au Vatican ou dans les Congrès missionnaires, il est clair que l’Esprit de Pentecôte continue de nous guider et de nous pousser au changement, à vivre autrement. Oui, donnons vie à l’espérance et à la certitude que ce monde est en train de changer pour le bien… Pour le bien de tous.

Photo: OPM Canada / Vatican Media