Bravo Pauline!

Il y a 200 ans, en pleine Révolution française, au cœur d’une société assoiffée de laïcité, de libération du cléricalisme abusif, une jeune lyonnaise audacieuse, poussée par l’Esprit, fonde une société pour la propagation de la foi à l’étranger. Elle va réussir à ranimer la flamme des baptisés de son pays par la prière, utilisant les textos de son époque pour faire saisir la richesse des mystères de la foi. Pauline Jaricot va ainsi poursuivre toute sa vie, animée de la passion de porter l’Évangile à toute culture et à tous les peuples.

Je fais l’heureuse découverte de cette femme que l’Église béatifie le 22 mai prochain et qui nous est proposée comme modèle. Pour bien la connaître, on pourrait s’arrêter sur tout ce qu’elle a pu faire en tant que laïque. Que d’initiatives, que de plans partagés à d’autres et avec d’autres, pour répondre aux besoins de son époque qu’elle savait si bien déceler. Pauline écoutait et agissait en conséquence, jamais seule mais toujours ensemble, en mode synodal. Avec comme résultat de faire bouger les choses, changer les parcours difficiles des travailleurs, améliorer le sort des pauvres et des humbles, allant jusqu’à soutenir l’élan missionnaire dans tous les continents.

Le secret de Pauline, c’est une voix intérieure qui la guide et la sort de la mondanité pour lui montrer la voie extérieure sur laquelle marcher chaque jour. Marcher, pas facile pour elle qui aura un accident à l’adolescence qui la marquera de souffrances et d’un lourd handicap pendant plus de vingt ans.  Mais elle apprendra toute sa vie à marcher sur la voie que Dieu lui tracera. Alors se forme une âme en syntonie avec la volonté divine en toute circonstance humaine, parfois même les plus injustes. Elle marchera dans la droiture et la justice jusqu’au bout, et embrassera la pauvreté à en devenir mendiante à la fin de sa vie, pour rembourser des prêteurs qui avaient rêvé certains projets avec elle, irréalisés faute de malhonnêteté de leur part.

Je la compare sans hésitation à sainte Marie de l’Incarnation, cette femme de prière et de contemplation au plus fort de l’action. Tout comme elle, Pauline a cette grâce mystique pour porter sa croix dès la création de sa première fondation qu’on trouvera d’ailleurs géniale et qu’on s’emparera vite en effaçant son nom. Pauline fait malgré tout confiance en l’œuvre de Dieu placée entre les mains d’hommes, s’abandonne et prie sans cesse. Ladite « Mère des missions » devra apprendre l’abnégation totale pour en développer une solidarité totale avec la mission d’apporter la lumière du Christ à son peuple et à tous les peuples.

Que nous dit-elle aujourd’hui? Certainement que nous sommes faits pour aimer et agir. Ainsi donc, avec la force de l’amour de Dieu en nous, passons aux actes! Passons aux actes de partage, de solidarité, de lutte pour la justice et contre la pauvreté croissante dans le monde entier; passons à l’acte de témoignage de notre foi et de nos valeurs. Marchons ensemble pour embrasser les causes les plus importantes pour le mieux-être de la grande famille humaine. Prions et espérons, en ces heures de guerre, de cheminer dans un véritable amour fraternel et universel. La prière, nous dit-elle, est le Royaume au-dedans de nous!

Devant les grands défis missionnaires à relever, comme devant notre petitesse et notre faiblesse humaine, la vie de Pauline et ses œuvres répandues dans plus de 120 pays, nous confirment qu’avec Dieu, tout est possible. Prions avec confiance, prions sans nous lasser : tel est le grand message et secret de sa vie… De sa vie réussie.

Bravo Pauline!