L’esprit « zikomo »

Ce mot appartient au chichewa, l’un des 72 dialectes de Zambie où j’ai été missionnaire pendant 19 ans. Je le connais très peu, car ce n’était pas celui de la région où je travaillais. C’est aussi une langue officielle du Malawi, pays voisin. Je ne pourrais pas vous donner une seule traduction pour ce mot, car il en a plusieurs. Je voudrais vous parler de ce que j’appelle l’esprit zikomo.

C’est un mot de politesse que l’on utilise pour dire : « bonjour, merci, s’il-vous plait, excusez-moi, je suis d’accord avec vous, ce que vous dites m’intéresse, je vous suis bien continuez », et bien d’autres choses. On ne l’entend jamais dans la bouche de personnes qui se querellent. C’est un mot qui ne se prononce qu’avec un sourire ou un regard de compassion, et même parfois avec une larme pour faire voir à notre interlocuteur que ce que l’on entend nous attriste et que l’on compatit à ses propos.

J’ai souvent entendu des conversations en chichewa. Je n’y comprenais presque rien, mais j’entendais assez souvent une personne prononcer ce mot magique. Quand on l’entendait souvent, j’étais assuré que c’était une conversation amicale. Quand j’allais dans une région où l’on parlait chichewa, je saluais les gens en disant le fameux mot et tout le monde me souriait.

On ne peut pas espérer rencontrer beaucoup de gens à qui l’on pourrait dire zikomo au Canada, mais peut-être que l’on pourrait s’efforcer d’utiliser un mot français de politesse avec les gens que l’on côtoie. Surtout pendant cette pandémie où nos sourires sont parfois cachés derrière un masque. Il serait important d’envoyer un zikomo français aux gens sur la rue ou ailleurs. Ce serait un moyen pour chatouiller la morosité des gens et leur donner un peu d’espoir en l’avenir. Rien n’est plus triste que de se sentir seul.

« Fais du bien à un fidèle et tu en seras récompensé, sinon par lui, du moins par le Très-Haut. » (Siracide 12, 2)

Semer des petits mots gentils, c’est un excellent moyen pour faire du bien et c’est à la portée de tous. C’est un bon moyen d’être disciple-missionnaire dans notre milieu. C’est refléter la joie de Dieu sur les autres. Je suis certain que le Seigneur et sa sainte Mère en seront très heureux. En leur nom, je vous dis : zikomo kwamberi, merci beaucoup.

(Photo: pexels.com / RODNAE Productions)