20 Juin 2025
Pèlerins et porteurs d’espérance pour l’Humanité d’aujourd’hui
Dans son Message pour la Journée mondiale des missions de 2025, « Missionnaires d’espérance parmi les peuples », le pape François nous livre à la fois son héritage et son testament; une véritable transmission d’un passage de témoin aux disciples-missionnaires pour l’avenir de l’universalité de l’Église.
Par Alfonso Bartolotta, o.m.i., missionnaire à Madagascar *
En 2025, le dernier message du pape François pour la 99ème Journée mondiale des missions – à célébrer le 19 octobre – s’inscrit au début de l’Année jubilaire – le premier du troisième millénaire – autour du thème « Pèlerins d’espérance » pour commémorer les 1 700 ans du concile de Nicée. Sa dernière bénédiction solennelle « Urbi et Orbi » – c’est-à-dire pour la ville et pour le monde –, le dimanche de Pâques, résonnera à jamais comme hautement symbolique. Dans son 13ème et dernier message, « Missionnaires d’espérance parmi les peuples », le pape François nous livre à la fois son héritage et son testament. Il s’agit plutôt, à mon avis, d’une véritable transmission, d’un passage de témoin – comme lors de la course de relais – aux disciples-missionnaires pour l’avenir de l’universalité de l’Église. Je voudrais souligner cinq points forts.
1. L’urgence de redécouvrir « l’identité missionnaire chrétienne »
Reconnaître et redécouvrir la richesse du baptême et, par conséquent, la véritable « vocation fondamentale d’être, à la suite du Christ, des messagers et des bâtisseurs d’espérance. » Être conscients de la spécificité de notre identité sans avoir ni peur ni honte de nous dire et de nous montrer chrétiens. Développer le sens d’appartenance et nous sentir membres d’un corps, fiers de pouvoir témoigner de Celui qui nous habite. Une identité chrétienne qui va de pair avec la cohérence dans l’ordinaire de nos vies. Assumer le sens de cette responsabilité qu’est « la vocation universelle des baptisés à devenir parmi les peuples, par la force de l’Esprit et l’engagement quotidien, des missionnaires de la grande espérance. » L’envoi de Jésus est toujours d’actualité : « Allez ! De toutes les nations, faites des disciples » (Mt 28,19). Les deux verbes à l’impératif résonnent comme une exhortation à élargir davantage notre regard vers de nouveaux horizons pour parcourir avec confiance et espérance nos routes quotidiennes. Autrement dit, il s’agit « d’aller vers » et de « sortir de » car « sortir de soi-même, pour s’unir aux autres, fait du bien » (EG 87). Avec joie, ensemble, osons annoncer l’amour de Dieu, « raconter à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! » (Ps 95,3).
2- L’insistance sur l’importance de « la synodalité missionnaire de l’Église »
Le long processus de travail pour le Synode sur la synodalité a permis à toutes les sphères de l’Église universelle de s’exprimer et de libérer la parole, de se mettre à l’écoute les uns des autres. L’échange et le partage sont possibles, bien évidemment, s’il y a l’ouverture d’esprit et l’accueil, le dialogue et l’écoute mutuelle, pour respecter la richesse de nos différences, voire nos divergences, nos forces et nos faiblesses. Après la publication du document final – « Pour une Église synodale : communion, participation et mission » – il s’agira de joindre le geste à la parole et de passer des paroles aux actes pour répondre ensemble aux urgences sociétales de la planète « notre maison commune. » Le sort de l’humanité est entre les mains de tous les peuples et, par conséquent, tout le monde est concerné : « enfants, jeunes, adultes, personnes âgées, à participer activement à la mission évangélisatrice commune par le témoignage de votre vie et par la prière, par vos sacrifices et votre générosité. »
3- La nécessité d’établir un contact amical voire fraternel
Créer des liens d’amitié et de fraternité avec toutes les populations, au-delà de toute croyance ou situation politique, pour « construire des ponts et non des murs. » Peu importe, où que nous soyons – en métropole, en ville, dans une commune, dans un village, dans la savane ou dans le désert – toutes « les communautés chrétiennes peuvent être des signes d’une nouvelle humanité » du fait que « l’évangélisation est toujours un processus communautaire. » Autrement dit, devenir « “des personnes du printemps”, avec un regard toujours rempli d’espérance à partager avec tous. » L’héritage de la foi nous a révélé que « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). La tradition plus récente nous enseigne aussi que « le Verbe s’est fait frère » (Christian de Chergé). Nous n’avons qu’une seule vie sur cette terre. Tout être humain est invité sans cesse à se découvrir et à se connaître, mais aussi à s’accepter et à s’aimer soi-même, pour ensuite découvrir, connaître, accepter et aimer l’autre pour ce qu’il est dans son unicité. Tout homme et toute femme est une révélation de Dieu et le chemin qui mène à Lui.
4- L’attention à tous nos semblables, frères et sœurs en humanité
Imiter, dans la mesure du possible, l’exemple du Christ qui « là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous. » (Ac 10, 38). Faire l’effort de « prendre en charge, comme Lui et avec Lui, le cri de l’humanité » pour promouvoir et revaloriser la dignité humaine. Par un service d’amour, se faisant proche de tous, prenant soin des autres, se dépensant sans compter, et surtout étant capables de porter « une attention particulière aux plus pauvres et faibles, aux malades, aux personnes âgées, aux exclus de la société. » Dans les situations concrètes de la vie quotidienne, servir humblement tout être humain « avec proximité, compassion et tendresse, en prenant soin de la relation personnelle. » Tout simplement, donner toujours le meilleur de nous-mêmes. L’expérience nous montre bien que « souvent, ce seront donc eux qui nous enseigneront à vivre avec espérance. »
5- L’importance d’une proximité réelle
Dans plusieurs parties du monde, les nouvelles technologies galopent à grande vitesse. Nous constatons également que « la proximité est en train de disparaître : nous sommes tous interconnectés, mais nous ne sommes pas en relation. » Nous courons le risque – initialement sans nous en apercevoir – de rester uniquement « centrés sur nous-mêmes et incapables d’altruisme. » Bannir une certaine tendance de “la culture du déchet” c’est primordial pour développer la culture de la rencontre et de la solidarité. Le monde devient de plus en plus un village planétaire où le brassage d’une multitude de peuples est bien visible. Du coup, la spécificité de chaque peuple doit inévitablement côtoyer toutes sortes de gens et cohabiter dans les mêmes lieux. Tous les peuples devraient effacer les préjugés et les discriminations pour pouvoir se rencontrer dans le respect et en vérité. Dans les périphéries de notre existence, soyons moins solitaires et plus solidaires pour le bonheur du vivre ensemble. J’ai toujours aimé le slogan de l’Enfance Missionnaire qui peut aider aussi le monde des adultes : « Être proche de ceux qui sont loin sans être loin de ceux qui sont proches. »
Conclusion
Au début de ce troisième millénaire, à la suite de nos prédécesseurs, mettons-nous « en route sur les traces du Seigneur Jésus pour devenir, avec lui et en lui, des signes et des messagers d’espérance pour tous, en tout lieu et en toute circonstance que Dieu nous donne de vivre. » Ces cinq points évoquent les cinq doigts d’une main ou d’un pied – mais nous en avons deux de chaque heureusement – pour faire mieux en tant qu’« artisans et constructeurs d’espérance », et pour aller plus loin en tant que « pèlerins et porteurs d’espérance » pour l’Humanité d’aujourd’hui. Bonne mission à tous !
* Extrait de l’article Missionnaires d’espérance parmi les peuples : Semaine missionnaire mondiale 2025, publié le 19 juin 2025 pour le service national Mission et Migration, de la Conférence des évêques de France.
(Photo: Pexels.com / Maria Turkmani)
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