Entrevue avec le secrétaire général de l’Œuvre

Le secrétaire général de la Propagation de la foi : « que les Canadiens s’éveillent à nouveau à la beauté de l’Évangile »

Le père Tadeusz Jan Nowak, o.m.i., un Canadien, travaille au Vatican depuis plusieurs années. Il est secrétaire général de l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi, la première de quatre œuvres missionnaires qui constituent aujourd’hui les Œuvres pontificales missionnaires : le réseau mondial de prière et de charité au service du Saint-Père venant en aide aux Églises en territoire de mission. Le père Nowak a joyeusement accepté notre invitation de s’adresser aux Canadiens. Entrevue.

Quels apprentissages avez-vous faits au Canada?

Nowak – Alors que j’étais très jeune, ma famille a fui le régime communiste polonais et a été accueillie au Canada, le pays qui est désormais ma maison. Ce pays a reçu des immigrants venant de partout dans le monde et soutient la diversité ethnique et culturelle. Avoir été déraciné d’un lieu et transposé dans un nouveau contexte géographique et culturel a créé pour moi un espace propice à l’expérimentation de multiples possibilités de façon encore plus intense, ce qui m’a amené à approfondir ma foi en la Providence. Cette situation m’a également permis de développer le respect et la curiosité pour les différentes cultures ethniques et langues.

Comment viviez-vous votre relation avec Dieu à l’époque de votre jeunesse?

Nowak – Je n’ai pas de souvenir d’un moment où Dieu était absent de ma conscience. Dans un certain sens, la foi et la pratique catholiques étaient aussi naturelles que l’air que l’on respire. Ma première expérience d’une foi plus intense et personnelle s’est produite vers la fin de mon adolescence lorsque je lisais les évangiles et réfléchissais à leur sujet pour la première fois. Certes, j’ai écouté les lectures liturgiques du dimanche, mais je n’ai jamais entendu la voix de Dieu me parler lors de la messe dominicale, pratique qui faisait partie de la vie de ma famille de manière régulière. C’est le fait de lire les évangiles et de réfléchir aux paroles, aux gestes et à toute la vie de Jésus qui m’a profondément touché. Voilà le début de mon cheminement qui m’a conduit ensuite à la communauté des Oblats de Marie-Immaculée et à mon ordination sacerdotale.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler pour le Vatican?

Nowak – En 2010, j’ai été envoyé à Rome pour servir en tant qu’officier pour la Congrégation pour l’évangélisation des peuples (CEP). On m’a alors confié la tâche de suivre les activités de l’Église en Océanie, dans les Caraïbes et les diocèses se trouvant les plus au nord du continent américain. Cette expérience a ouvert mon regard et m’a fait prendre grandement conscience du défi de l’évangélisation dans les territoires de mission. Elle m’a également fait apprécier davantage tous les besoins et toutes les forces des Églises locales dans ces régions du monde. En 2017, on m’a nommé secrétaire général de l’Œuvre pontificale pour la propagation de la foi (OPPF). Cet engagement a élargi mes horizons et m’a fait prendre en considération les besoins des Églises locales dans tous les territoires sous la juridiction de la CEP.

À quoi sert l’Œuvre de la propagation de la foi concrètement parlant?

Nowak – La Propagation de la foi vient en aide chaque année à l’Église en terre de mission, ce qui représente plus de 1100 circonscriptions ecclésiastiques qui incluent des archidiocèses, des diocèses, des vicariats apostoliques, etc., tous étant sous la juridiction de la CEP. La plupart de ces territoires reçoivent annuellement un subside ordinaire pour l’évangélisation. Beaucoup obtiennent des sommes importantes pour le travail de leurs catéchètes, qui sont souvent l’épine dorsale des activités pastorales des Églises missionnaires. L’Œuvre prend également soin des évêques retraités des diocèses missionnaires et subventionne des programmes de formation continue pour le personnel apostolique. Elle finance aussi cinq universités pontificales romaines où des centaines de prêtres et de religieuses de pays de mission viennent se former et compléter des études supérieures.

La Propagation de la foi appuie également des milliers de projets dans les diocèses missionnaires chaque année, qui incluent la construction d’églises, de chapelles, de centres paroissiaux, d’écoles, de couvents et de presbytères, ainsi que la mise sur pied d’initiatives en matière d’évangélisation par les médias.

Tout ceci est possible grâce aux prières et aux sacrifices des fidèles qui contribuent chaque année à la collecte du Dimanche missionnaire mondial, ou qui nous accompagnent de leur prière et font des dons pour les missions tout au long de l’année. En fait, l’Église en territoire de mission dépend de la Divine Providence qui travaille par le biais des cœurs priants et généreux des chrétiens de partout.

Que pensez-vous de l’apport des Canadiens dans cette œuvre?

Nowak – La tâche de l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi fait partie de la mission globale d’évangélisation qui a été confiée à l’Église par le Christ ressuscité. Les Canadiens ont toujours été considérés comme étant des participants précieux à cette mission, qui ont envoyé historiquement des milliers de missionnaires de par le monde. Maintenant, ils reçoivent des prêtres, des sœurs, et des laïcs de pays de mission qui se mettent au service de diocèses canadiens. Chaque année, les évêques du Canada autorisent l’OPPF à proposer une journée de prière et à procéder à une collecte spéciale l’avant-dernier dimanche du mois d’octobre (le Dimanche missionnaire mondial). Certains évêques nomment des directeurs diocésains des Œuvres pontificales missionnaires afin que l’important travail de cet organisme au service du Saint-Père soit mieux connu et soutenu par les Canadiens à travers le pays.

En fait, mon souhait, c’est que les Canadiens s’éveillent à nouveau à la beauté de l’Évangile, et qu’ils expérimentent le désir de le partager avec d’autres, de contribuer à la mission du Christ et à la communauté de foi qu’il a fondée : l’Église.

La Propagation de la foi a été fondée alors que surgissait un grand besoin de soutenir l’évangélisation dans le monde… comme c’est le cas aujourd’hui, non?

Nowak – Ce désir de partager l’Évangile était au cœur de l’inspiration qui mena Pauline Jaricot (1799-1862), née à Lyon, en France, à fonder l’Œuvre de la propagation de la foi en 1822. Vers la fin de son adolescence, elle a vécu un profond éveil de sa foi et nourri un grand désir pour l’Évangile du Christ afin d’atteindre les « confins de la terre ». Puisque sa santé l’a empêchée d’aller à l’étranger, elle a eu l’idée de concevoir un plan pour soutenir l’activité missionnaire de l’Église en invitant quelques amis à se rencontrer chaque semaine par groupe de 10 personnes pour réfléchir aux missions de l’Église et prier à cette intention et à s’engager à offrir un centime par semaine pour soutenir les missionnaires. L’intégrité personnelle de Jaricot, ses habiletés sociales et sa foi profonde ont conduit à une multiplication rapide de ces petites cellules de soutien à la mission de l’Église partout en France, et ensuite dans le monde entier. Basée sur le principe de la « solidarité infectieuse », cette initiative est devenue un réseau mondial de prière et de charité et a été déclarée « pontificale » en 1922.

Aujourd’hui, il y a quatre œuvres pontificales missionnaires, représentées par un directeur national dans chacun des 120 pays du monde.

En mai dernier, le Saint-Siège a reconnu une guérison miraculeuse attribuée à l’intercession de la vénérable fondatrice qui devient maintenant bienheureuse.

Comme Pauline Jaricot, toutes et tous sont invités à partager la joie de l’Évangile, qui est la mission de l’Église. Et une très bonne façon de le faire, c’est en s’engageant auprès des Œuvres pontificales missionnaires.